Les musiciens veulent des actes ! |
Les premières annulations de spectacles datent du début du mois de mars et nous savons maintenant que les principales manifestations estivales seront annulées. C’est l’hécatombe. Des dizaines de milliers d’artistes musiciens et musiciennes de France vont rester plusieurs trimestres sans salaire. A l’heure actuelle, les annonces et premières décisions du gouvernement ou certains employeurs ne sont pas à la hauteur. – La demande du Ministère de la Culture d’honorer les contrats des artistes intermittents victimes d’annulation n’est pas suivie par certaines institutions symphoniques ou lyriques qui dissimulent mal derrière des motifs juridiques leur envie de profiter de la situation pour faire des économies sur le dos des plus précaires. Le fait que certaines structures respectent la consigne est la preuve que celles qui le refusent sont de mauvaise foi. Il appartient au ministère de transmettre la consigne dans chaque structure et d’expliquer qu’aucune règle ne s’oppose au paiement des salaires des artistes. – Alors qu’il y a plus de 15 jours que le Ministère de la Culture a fait savoir que les artistes payés au cachet seraient finalement éligibles à l’Activité Partielle, les textes officiels ne sortent pas, les entreprises ne peuvent déposer leurs demandes et les intermittents ne peuvent actualiser leur situation auprès du Pôle Emploi. Ca ne peut plus durer. – Les nombreux musiciens et musiciennes qui travaillent régulièrement pour des organisateurs de spectacles relevant du GUSO (Guichet Unique du Spectacle Occasionnel) sont, comme leurs employeurs sans information sur la manière dont ils pourraient bénéficier de l’Activité Partielle. Ce sont des millions d’euros de salaire qui vont échapper à toute prise en charge et être une perte sèche pour les artistes si rien n’est fait très vite. – Les annonces sur la prolongation de l’indemnisation chômage des intermittents du spectacle sont très insuffisantes pour rassurer des professionnels qui vont probablement rester plusieurs trimestres sans pouvoir travailler. Le succès des pétitions en ligne comme celle adressée au Président de la République en est un des révélateurs. – Dans son allocution du 13 avril, celui-ci a annoncé des aides spécifiques à notre secteur. Elles sont vitales pour permettre aux différents acteurs de passer la crise comme elles seront la condition d’un redémarrage à l’issue de la crise sanitaire. La crise joue comme un révélateur des faiblesses de nos secteurs. L’emploi précaire généralisé pour les artistes les place dans une insécurité absolue. La faiblesse endémique des financements au secteur public le rend encore plus vulnérable à la crise. Les logiques d’« aide au projet », de « soutien aux créateurs » ont abouti à ce que les missions de service public des entreprises qui nous emploient ne soient plus l’ossature des aides à notre secteur. Comment se fait-il, alors que les agents de tous les services publics utiles à la nation voient leur revenus maintenus, que nous soyons nous, même au cœur des institutions musicales les plus emblématiques, inquiets sur les capacités de nos tutelles à nous supporter financièrement dans la bourrasque ? Certaines formations symphoniques subventionnées sont si exsangues financièrement qu’elles sont contraintes de s’en remettre à l’aide financière que représente l’Activité Partielle pour espérer survivre. Que ce soit pour le secteur public ou pour le secteur marchand, nous demandons un plan d’urgence en faveur de l’emploi artistique qui soit doté de financements à la hauteur du désastre historique auquel nous sommes confrontés. Il en va de la survie de tout un patrimoine artistique, de la création artistique comme de la diversité. Les grandes déclarations des représentants de certains élus en faveur des artistes et de notre secteur ont assez duré. Maintenant il faut des actes ! Paris, le 16 avril 2020. |