La Philharmonie de Paris au temps du COVID 19 Marianne.net

Laurent Bayle, président de la Philarmonie : « Comme tous les citoyens, les musiciens sont très ébranlés »

Cinq ans après son ouverture, la Philharmonie de Paris est une réussite, par la variété de son offre, son taux de remplissage (+90%), le pourcentage important de jeunes dans son public. Les critiques parfois féroces qui ont accompagné sa construction ne sont plus qu’un lointain souvenir. Puis le coronavirus a frappé. Entretien avec son président.

Marianne : Vous dirigez depuis cinq ans la Cité de la musique – Philharmonie de Paris, qui a en outre intégré l’an dernier l’Orchestre de Paris. Pouvez-vous d’abord nous décrire cette immense maison ? 

Laurent Bayle : Outre la grande salle Pierre Boulez (d’une capacité de 2.400 à 3.600 places), elle comprend la salle des concerts de la Cité (de 900 à 1.600 places), l’amphithéâtre de la Cité (250 places), et deux autres salles au sein de la Philharmonie (le Studio dont la jauge est de 250 places et la salle de conférences d’une capacité de 170 places). Auxquels s’ajoutent trois espaces spécifiques dédiés à son offre patrimoniale : le Musée de la musique destiné au déploiement de la collection permanente et deux salles d’exposition temporaire (l’une à la Cité, l’autre à la Philharmonie). Et, pour ses activités pédagogiques, une médiathèque ouverte au public, des espaces éducatifs (les salles pour les ateliers, un studio son, un espace Pierre Henry pour l’approche de la musique électro) ainsi que des espaces de répétition et de travail pour les musiciens. Sans oublier trois restaurants et deux parkings. Au total, quelques 600 salariés permanents, constitué pour 30% d’artistes, 17% de personnels techniques et 53% de personnels administratifs, éducatifs et scientifiques. Auxquels viennent s’ajouter des intermittents du spectacle, dont le nombre varie en fonction des besoins, et qui permettent d’assurer presque quotidiennement des manifestations en alternance ou simultanément.

Quelles sont les conséquences financières, à ce jour, de sa fermeture ?

Depuis le début de l’épidémie, les concerts sont annulés et nous remboursons intégralement le public. La perte de recette est donc totale, qu’il s’agisse de la billetterie liée au public ou de contrats passés avec des entreprises qui invitent certains de leurs clients. Côté dépenses, en revanche, rien n’est encore clair. Les négociations sont en cours sachant qu’un certain nombre de charges sont difficiles à annuler (voyages, hôtels…).

La situation est encore différente s’agissant de l’Orchestre de Paris, puisque nous ne sommes pas en position de puissance invitante mais nous sommes l’employeur direct. D’un côté, nous remboursons également le public. De l’autre, nous garantissons le salaire des musiciens de l’orchestre. Nous voulons de plus indemniser les intermittents et artistes extérieurs à la hauteur prévue par l’État dans le cadre du chômage partiel (l’intégralité du salaire dans la limite de 4,5 fois le SMIC).

Cette règle de protection du salarié est la même pour les divers intervenants de nos activités éducatives ou pour les ouvreurs en salle, qui sont le plus souvent de jeunes étudiants. Pour ces derniers, par exemple, même si nous ne sommes pas l’employeur direct, toutes celles et ceux qui ont une activité régulière chez nous devraient être acceptés par le dispositif mis en place par l’État et être indemnisés.

Nous cherchons dans un premier temps à estimer au plus près nos risques en matière de perte de recettes. Si tout devait être annuler jusqu’à fin juin, notre zone de risques se situerait autour de 13 millions d’euros (9 millions de perte de billetterie, autour d’1 million de perte liée aux expositions, auxquels s’ajouteraient des pertes de locations d’espaces, de commercialisations diverses, voire de partenariat ou mécénat).

Quelles mesures envisagez-vous pour compenser vos pertes ? Serez-vous contraints de faire des économies ?

Nous étudions différents scénarios. D’abord des économies sur les contrats qui nous lient avec des tiers (partenaires de concerts et d’expositions par exemple). Le cas de force majeure lié au coronavirus nous conduit en effet à annuler un certain nombre de dépenses qui n’ont pu être engagées, tout en vérifiant qu’aucun salarié (permanents et intermittents) ne soit touché par la crise.

De même, nous allons avoir recours de manière pondérée et réfléchie au dispositif du chômage partiel. C’est vrai pour les intermittents mais également pour certaines catégories de personnel permanent qui ne peuvent continuer à travailler, même en télétravail, et qui seront éligibles au chômage partiel. Ce pourrait être le cas des musiciens de l’Orchestre de Paris qui conserveraient 20% du temps travaillé à la maison et bénéficieraient du chômage partiel pour les 80% restants de leur activité, mais avec un maintien du salaire intégral garanti par l’employeur.

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