Poursuite des cours en conservatoires, le flou se dissipe lentement (France Musique.fr)

Image par Ri Butov de Pixabay

Dans l’urgence du reconfinement national, les conservatoires tentent de mettre en œuvre la continuité pédagogique… pour appliquer les mesures qui se dessinent dans une situation de flou lentement dissipé.

Dès les premières minutes de sa conférence de presse d’hier jeudi 29 octobre, Jean Castex faisait savoir que les établissements « qui proposent des activités extra-scolaires sportives ou artistiques comme les conservatoires ou les clubs de sport » étaient désormais fermés. L’intervention de Roselyne Bachelot a pourtant ménagé une place au doute concernant les établissements d’enseignement supérieur, la Ministre précisant que si les cours sont dispensés à distance, « les modalités de maintien des travaux pratiques et des ateliers dans le strict respect des conditions sanitaires (devaient) encore être précisées ».

Le décret du 29 octobre prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie de Covid-19 dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, publié aujourd’hui (30 octobre) au journal officiel apporte néanmoins de nouveaux éléments dans son article 35, qui prévoit en son alinéa 6 que « Les établissements d’enseignement artistique mentionnés au chapitre Ier du titre VI du livre IV de la deuxième partie du code de l’éducation et les établissements d’enseignement de la danse mentionnés au chapitre II du titre VI du livre IV de la deuxième partie du code de l’éducation sont autorisés à ouvrir au public, pour les seuls pratiquants professionnels et les établissements mentionnés à l’article L. 216-2 du code de l’éducation pour les élèves inscrits dans les classes à horaires aménagés, en troisième cycle et en cycle de préparation à l’enseignement supérieur. »

Une excellente nouvelle semble-t-il pour les conservatoires. On relève néanmoins que seuls les parcours aménagés et cursus d’orientation vers l’activité professionnelle sont concernés.

Laurent Ronzon, directeur du conservatoire à rayonnement communal de Saint-Malo, qui prend acte de ce décret, a pour sa part transmis une étude d’impact au maire qui pourra autoriser ou non l’ouverture du conservatoire : « l’autorité territoriale est compétente pour décider d’ouvrir ou de fermer un établissement recevant du public. Dans notre cas, les parcours des classes à horaires aménagés et le troisième cycle concernent 8 % de l’effectif du conservatoire, et 56 professeurs. »

La lettre du décret crée cependant un vide à l’endroit des conservatoires nationaux supérieurs de musique et de danse, placés sous la tutelle du Ministère de la culture.

« Nous avions été oubliés dans les textes sur le déconfinement au printemps dernier, l’amendement est sorti deux jours plus tard. Nous attendons de voir s’il en sera de même cette fois-ci », explique Clément Carpentier, responsable du département parisien des disciplines instrumentales classiques et contemporaines.

Un texte est encore attendu, mais la réponse a été donnée dans l’après-midi de ce vendredi premier jour de confinement, à l’issue de discussions menées avec la direction générale de la création artistique (DGCA) du Ministère de la culture : une heure d’instrument par élève instrumentiste pourra être maintenue chaque semaine, tandis que le reste de l’enseignement sera poursuivi à distance. Cette règle devrait s’appliquer également à la musique ancienne.

« J’ai consulté les représentants de mon département ce matin. Ils sont extrêmement inquiets et un peu échaudés après avoir vécu le dernier confinement», relève Clément Carpentier. Sans compter l’aspect humains pour les élèves qui souvent habitent seuls dans un petit studio à Paris, avec des voisins en télétravail… « C’était important pour nous de maintenir une partie des cours, même s’ils sont réduits drastiquement. » L’accès aux box pour le travail individuel sera également possible, bien que limité. « De la même manière qu’en mars dernier, nous mettrons en place un suivi un peu rapproché des élèves, de leur santé, en les mettant si besoin en contact avec la cellule d’aide psychologique. »

Les questions au CNSMD de Lyon se posent également : son directeur Mathieu Ferey a fait savoir sur les réseaux sociaux que les portes de l’établissement seraient fermées ce vendredi et tout le week-end, dans l’attente de consignes plus précises concernant l’enseignement supérieur, avec l’annonce d’une communication apportant de nouveaux éléments d’information dans la matinée du 2 novembre au plus tard.

Romain Leleu, professeur de trompette au CNSM déplore de son côté le manque d’informations et une communication qui ne serait « pas du tout à la hauteur de l’événement » au conservatoire de Lyon. « J’ai reçu deux mails : un premier pour dire qu’ils attendaient, puis un second nous annonçant que le conservatoire fermait… et jamais de réponse aux questions. »

L’insuffisance de l’équipement également suscite le désarroi : « le conservatoire ne dispose que de quatre vitres en plexiglas pour l’ensemble des étudiants et professeurs. Nous sommes confrontés à un manque de matériel, et de moyens… il m’est arrivé d’apporter moi-même le nécessaire concernant le gel hydro alcoolique et les rouleaux de papier essuie-tout. »

Dans l’après-midi, Romain Leleu a reçu une information similaire à ce qui est évoqué à Paris : une heure par semaine pour chaque élève instrumentiste en présentiel. Hélas, « tout passe par beaucoup d’intermédiaires… je n’ai pas plus d’informations. »

Le flou se dissipe donc lentement, dans une situation qui appelle à une vigilance extrême à l’égard des étudiants qui ont déjà été privés du contact de leurs professeurs pour une très grosse partie de l’année passée.

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