Covid-19 et inscriptions en conservatoire (La Lettre du musicien)

Avec l’aimable autorisation de la Direction de La Lettre du musicien

Au début de l’été, une inquiétude pointait dans les conservatoires : les inscriptions allaient-elles baisser pour la rentrée ? Le confinement et les difficultés à maintenir une continuité pédagogique, l’impossibilité de faire la promotion des cursus proposés, les incertitudes sur les contraintes sanitaires, la situation économique de certaines familles… autant d’éléments qui alimentaient les craintes.

Baisse variable selon les disciplines

Au CRR du Grand Besançon, on constate une baisse de 20 % des inscriptions. En musique, les effectifs pour l’éveil et l’initiation demeurent au même niveau que l’année précédente. Les chiffres ne changent pas pour les élèves les plus âgés et pour le second cycle. « Les entrées en cours de cursus, qui sont le fait de notre rayonnement régional, sont plutôt stables, explique Éric Scrève, le directeur. En revanche, il semble que pour les élèves à motivation fluctuante, à la période de l’adolescence, il y a eu plus d’abandons que d’habitude. » 

Les inscriptions pour les 7-8 ans ont également baissé de 20 à 25 %. En section théâtre, le conservatoire a reçu davantage de candidatures que l’année précédente. Mais, en ce qui concerne la danse, « la baisse est plus importante. C’est la discipline pour laquelle l’insatisfaction et la frustration ont été les plus fortes en raison du confinement. » Au CRR du Grand Chalon, les nouvelles inscriptions aux tests d’entrée sont en baisse de 20 %. À Avignon, le directeur constate également une diminution : 1 874 inscrits cette année contre 2 058 l’année passée.

Conséquences financières

Les inscriptions sont encore ouvertes, et, si les chiffres n’augmentent pas, ces établissements seront confrontés à des problèmes financiers. « En 2019, les frais de scolarité représentaient 8,6 % du budget de l’établissement, ce qui est particulièrement élevé pour nos structures, explique Éric Scrève. La perte de recettes sera importante pour nous, et nous craignons de ne pas pouvoir la compenser. »
À Avignon, « 184 élèves en moins, avec une moyenne de 250  euros par élève, ça aura forcément une incidence sur nos finances, rapporte le directeur, Jérôme Chrétien. Mais dans notre budget de 9  millions d’euros, la recette des familles est inférieure à 4 %. À nos pertes, il faudra ajouter tous les coûts d’aménagements pour répondre aux réglementations sanitaires : le plexiglas, le dispositif de ménage, les masques pour 160 agents… Cumu­lés, la baisse des inscriptions et les investissements liés à la crise sanitaire représentent une somme non négligeable. »

Étudiants étrangers

Certains n’ont pas vu baisser les inscriptions. À Nantes, le CRR ne constate aucun changement par rapport aux années précédentes. Pour Viviane Serry, la directrice, « il semblerait que les établissements qui dépendent de grosses collectivités pâtiront moins des effets du Covid-19 sur leurs effectifs, surtout lorsqu’ils ont traditionnellement une demande de nouveaux élèves supérieure à leur capacité d’accueil. » Au CRR d’Angers, pas de changement non plus, « si ce n’est que certains instruments, comme le basson ou la contrebasse, pour lesquels nous n’avons pas pu faire de promotion, ont eu moins de succès cette année », rapporte le directeur Christophe Millet. L’établissement rencontre en revanche quelques difficultés avec des élèves étrangers, notamment asiatiques, qui peinent à revenir en France.
Au CNSMD de Paris, on ne déplore pas de baisse des candidatures, mais la question des étudiants étrangers pose également problème. « Certains ont des difficultés à obtenir des visas, déclare Marine Thyss, la directrice adjointe. Nous essayons de fournir des certificats de scolarité plus rapidement et nous échangeons avec leur ambassade pour faciliter les démarches. Des reports d’admission peuvent être envisagés au cas par cas, mais, pour le moment, rien n’est structurellement décalé. »
Une rentrée hors normes, qui, à l’heure où nous bouclons, est encore soumise à un grand nombre d’incertitudes.

Mathilde Blayo

https://www.lalettredumusicien.fr

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