Communiqué de presse du SNAM
Le financement des aides distribuées par le Centre National de la Musique fait l’objet de nombreux débats depuis des années. Le rapport publié le 20 avril est une nouvelle étape. Mais que d’oublis dans ce document de plus de 50 pages ! Pas un mot sur la situation sociale des artistes de la musique de ce pays, pas un mot sur la difficulté des artistes à faire vivre leurs projets et créations, pas un mot sur le fait que certaines structures exercent des missions de service public en faveur de la création et du déploiement auprès de tous les publics, pas un mot sur le fait que d’autres structures – la majorité – sont dans une extrême fragilité économique, bien peu de choses sur les enjeux de diversité artistique mise à mal par les logiques économiques en œuvre dans l’industrie musicale.
Les besoins de financements sont pourtant énormes pour préserver et développer la richesse musicale de notre pays, pour que les artistes voient leur projets scéniques ou phonographiques financés, pour que l’offre de concerts soient diversifiés au plus près des populations des villes, des banlieues ou des campagnes. C’est malheureusement à peu près tout le contraire de ce que fait le sénateur Bargeton en mettant en avant l’exemple de la K-Pop : star-system, logiques industrielles, artistes interchangeables et mal traités. Les préconisations du rapport doivent donc être lues en tenant compte de ces carences.
– Augmenter la fiscalité pesant sur les diffuseurs des concerts » classiques » alors que la plupart d’entre-eux traversent une violente crise de financement qui les amène même à annuler actuellement des dizaines de concerts est une perspective dangereuse. On peut se demander comment les collectivités territoriales qui sont les premières financeuses des structures symphoniques et lyriques peuvent accueillir cette perspective. On ne trouve dans le rapport ni le rendement attendu de cette extension de la taxe, ni la mise en rapport des retombées attendues pour le secteur » classique » avec son actuel niveau de financement.
– Bien sûr, la mesure phare du rapport concerne la création d’une » taxe streaming » mais l’idée n’est pas neuve et ses opposants ont déjà montré leur capacité de mobilisation. Rappelons nous notamment des outrances démagogiques de ces derniers mois. Les mêmes causes produisant souvent les mêmes effets, on peut craindre que le législateur, à plus forte raison dans la crise politique actuelle, ne repousse les arbitrages à plus tard. Pourtant le financement de la création par les industries qui réalisent leur chiffre d’affaire grâce à l’exploitation en ligne des contenus musicaux est un impératif qui doit pouvoir se concrétiser dès l’an prochain.
– On peut regretter que les préconisations sur le CNM lui-même ne visent qu’à encore plus exclure les représentants de la profession dans ses instances. Les artistes sont déjà actuellement bien peu nombreux au sein du CNM.
– D’autres mesures comme la modification du » droit de tirage » de la taxe sur le spectacle ou la consolidation des contributions des organismes de gestion collective au financement du CNM sont intéressantes même si la concertation doit nécessairement continuer, sur ces sujets comme sur d’autres.
Nous terminerons par une citation du rapport : » permettre la création de richesse économique et son ruissellement « . Nous savons pourtant depuis longtemps que dans le secteur musical – comme ailleurs – le ruissellement n’existe jamais. La très très grande majorité des artistes qui font la richesse de la vie musicale de notre pays n’en voient jamais la couleur.
Paris, le 24 avril 2023
Contacts presse : Philippe Gautier : 06 76 79 53 15 philippe.gautier@snam-cgt.org