Risque inhérent aux pratiques musicales dans le contexte épidémique de COVID-19 (Médecine des Arts)

La distance physique entre les musiciens lors du jeu

Dans ce contexte épidémique, la reprise des pratiques musicales, dans différents contextes de jeu, avec des effectifs de musiciens nombreux, des instruments et répertoires variés, impose des contraintes majeures qui le plus souvent compromettent une reprise.

Deux rapports rédigés en Allemagne, d’une part par les conseils d’administration des sept orchestres de la ville de Berlin conseillés par des équipes médicales et, d’autre part, par deux professeurs de médecine spécialisés dans la santé du musicien viennent éclairer ce débat.

Nous avons réalisé un document de synthèse de ces deux rapports avec des compléments d’information fruit de notre expérience. Ce document de 10 pages peut être téléchargé sur ce site (voir en bas de page). Il apporte des éléments relativement précis sur les conditions de reprise des musiciens selon le contexte et les pratiques. Des précisions essentielles sont apportées notamment concernant les pratiques des instrumentistes à vent et des chanteurs, qui faisaient l’objet de nombreuses discussions.

Distanciation physique des musiciens selon les instruments pratiqués

La distanciation physique est précisée selon les familles d’instruments et les instruments dans ces familles instrumentales, avec des informations sur la physiologie de ces pratiques motivant ces recommandations de distanciation physique différenciée. Ainsi il est tenu compte de la manière dont les instruments sont joués et les mécanismes en jeu pour émettre le son. Ces préconisations concernent également les situations d’enseignement.

Instrumentistes à cordes1,5 mètre
Percussionnistes1,5 mètre
Harpistes1,5 mètre
Pianistes et claviéristes1,5 mètre
Instrumentistes à vent2 mètres
Chanteurs2 mètres

De nombreuses préconisations complémentaires, notamment concernant les instrumentistes à vent selon les instruments joués, sont précisées, sur le nettoyage des instruments et les protections complémentaires lors des pratiques.

Les risques inhérents à la pratique des instrumentistes à vent et des chanteurs ont été plus précisément étudiés par une entreprise spécialisée dans la mécanique des fluides au sein de l’Orchestre symphonique de Bamberg. Les premiers résultats permettent de confirmer le très faible débit émis par les pavillons des instruments à vent. Ces débits sont plus faibles par exemple lors du jeu de la trompette que pour une personne qui parle et plus encore qui tousse. Le risque réside néanmoins dans la présence potentielle d’aérosols dans l’air, même si cela n’a jamais été vérifié scientifiquement. La protection complémentaire avec des matériels de type anti-son est conseillée, avec comme mesure de les situer dans le champ de mobilité de l’instrument joué.

Ainsi, les orchestres pourraient reprendre en tenant compte de ces préconisations et en adoptant des configurations en conséquence. On pourrait par exemple en tenant compte de cette distanciation physique mettre sur scène l’orchestre « de la taille des symphonies de Beethoven ».

La plus grande difficulté va résider finalement dans l’accueil du public et le respect de la distanciation physique.

Ces données devraient évoluer dans les semaines à venir.

Reprise des musiciens de musiques actuelles dans le contexte de COVID-19

Les efforts des organisations institutionnelles devraient également se concentrer sur les pratiques de musiques actuelles et l’accueil du public dans ce contexte. Les problématiques à analyser sont d’un autre ordre avec des cultures sociales des musiciens et du public différentes. Il y a là un enjeu crucial pour l’avenir de ces pratiques et sur les conditions de vie des musiciens intermittents.

L’arrivée de la période estivale pourrait être une opportunité pour tester de manière organisée des spectacles en public en extérieur. Par exemple en élargissant les terrasses des cafés et restaurants, empiétement sur l’espace public, maximalisation des espaces entre les clients et pratiques instrumentales dans un contexte extérieur et de distanciation physique dans ce contexte public. Durant quelques mois pourraient être aménagés des pratiques respectant les règles sécuritaires tout en permettant une reprise musicale et sociale.

L’ensemble de ces préconisations est à analyser selon les contextes du « travail réel  » du musicien, c’est-à-dire les conditions de jeu dans des situations données. Les décisions qui vont en découler doivent prendre en compte l’avis des musiciens eux-mêmes. La réappropriation d’une pratique respectueuse de la santé dans ce contexte délicat ne peut réussir qu’en associant à ces recommandations l’ensemble des intervenants de terrain, les partenaires sociaux, les musiciens, les professeurs de musique, les parents d’élève et leurs représentants.

Pour consulter le PDF de l’EVALUATION DU RISQUE D’INFECTION COVID-19 DANS LES PRATIQUES MUSICALES, cliquez sur:

https://www.medecine-des-arts.com/editeur/images/illustration%20MdA/COVID-19%20Evaluation%20du%20risque%20pour%20les%20musiciens%20et%20les%20chanteurs-%20Médecine%20des%20Arts.pdf

Pour l’article complet:

https://www.medecine-des-arts.com/fr/article/risque-inherent-aux-pratiques-musicales-dans-le-contexte-epidemique-de-covid-19.php?fbclid=IwAR16YdCqng5xsZWvGKCqjIBpfAwEPHBsmmAcsGkBWewdcA98K7uTIQluPNE


 

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